Page 5 - La Pendule
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Introduction
a grande générosité dont Proust fit montre envers ses amis est
légendaire. Plusieurs anecdotes l’évoquent, la plus connue étant
Lsans doute celle que Jean Cocteau relate dans l’hommage publié
er
par la Nouvelle Revue française le 1 janvier 1923 : « je sortais avec Proust de
l’hôtel Ritz. Il avait distribué en pourboires, selon son cœur, tout l’argent
qu’il avait en poche. Arrivé devant le portier, il s’en aperçut et lui demanda
s’il pouvait lui emprunter 50 francs. ‘Du reste, ajouta-t-il, comme le portier
s’empressait d’ouvrir son portefeuille – gardez-les, c’était pour vous.’ »
Donnons aussi un autre exemple : en 1913, lorsque Proust offrit une
précieuse bague de la joaillerie Fontana à son ami Louis de Robert, pour le
remercier de l’aide qu’il lui apportait dans les relectures de Du côté de chez
Swann, il lui écrivit : « c’est une chose sans valeur, vous pouvez la perdre
sans scrupule, à condition de m’en demander une autre. »
La présente brochure est consacrée à l’une des illustrations de cette
formidable générosité, puisqu’il s’agit de la pendule que Proust offrit à son
ami Gabriel de La Rochefoucauld à l’occasion de son mariage, en février
1905. Ce très bel objet, dans le choix duquel certains verront peut-être
l’attachement de Proust aux questions liées à l’écoulement du temps, était
resté depuis plus de cent ans dans la famille des mariés. Par une remarquable
mise en abyme, la pendule rejoint aujourd’hui les collections de la Maison
de tante Léonie – Musée Marcel Proust grâce à la générosité d’un mécène
privé, que je remercie très chaleureusement. Mes remerciements vont
également à François de Ricqlès et à Jean de La Rochefoucauld pour les
textes qu’ils ont bien voulu rédiger pour cette brochure, portant respecti-
vement sur la pendule elle-même et sur Gabriel de La Rochefoucauld.
Jérôme Bastianelli
Président de la Société des amis de Marcel Proust
et des amis de Combray