Page 12 - Brochure Raoul Versini

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Illustration par Madeleine Lemaire de « Confession d’une jeune fille »
dans les Plaisirs et les Jours

plus fort. Ensuite, Marcel s’est confessé à son ami Abel Desjardins , et
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le soir même à son père (qui était donc au courant des tendances de son
fils). Il a sans doute fait de même avec Versini, qui a dû marquer de la
désapprobation, lui a fait des reproches, tout en mettant cet accident sur le
compte de la « bonté » de Marcel. Celui-ci se montre désireux de maintenir
leur amitié, veut qu’on le croit sincère (qualité qu’il exigera toujours de
ses amis, concluant de véritables pactes, comme avec Antoine Bibesco ;
ainsi écrit-il à Robert Dreyfus : « Sache que je t’ai toujours parlé avec la
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franchise la plus scrupuleuse »). S’il a commis une « saleté », il n’est pas
vicieux, il est victime de son tempérament et de ses sens. Cet événement
a peut-être eu un caractère inaugural, sinon Marcel n’aurait pas éprouvé
le besoin de le raconter à plusieurs personnes… Une première version

3 Voir Cor. t. XVIII, p. 324, « Je t’ai trop aimé, je t’aime trop… » Futur médecin, Abel
Desjardins, camarade de Proust en Première et en Philosophie, était le jeune frère de
Paul Desjardins.
4 25 septembre 1888, Correspondance, Plon, t. I, p. 118. Cf. p. 123, la déclaration à Daniel
Halévy : « Je me mêlerais mieux à ta pensée en m’asseyant sur tes genoux » et il ajoute,
parlant sans doute de lui-même : « J’ai des amis très intelligents et d’une grande délica-
tesse morale je m’en flatte, qui une fois s’amusèrent avec un ami ». Une autre déclaration
à Jacques Bizet, également infructueuse, est sans doute antérieure. Lassé de tant de
refus, Proust a fini par céder à quelqu’un d’autre.