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Madame Helleu devant les tanagras du Louvre. Paul Helleu 1897
Saxes et tanagras
On trouve un curieux mélange de saxes et de tanagras dans le texte d’A la recherche
du temps perdu. Le 2 novembre 1892 Proust écrit à Laure Hayman « Aussi votre
étagère de Saxes (presque un autel) me paraît-elle une des choses les plus
charmantes qu’on puisse voir ». Célèbre pour sa collection, cette demi-mondaine,
un des modèles d’Odette de Crécy, mais bien avant cela, de la Gladys Harvey de
Paul Bourget, avait reçu de ce dernier un mot daté du 28 décembre 1888 qui
commençait ainsi : « Chère amie, votre Saxe psychologique, le petit Marcel, comme
vous l’appelez, est tout simplement exquis, si j’en juge d’après cette lettre que vous
avez eu la gracieuse idée de m’envoyer. Sa remarque sur le passage de Gladys
concernant Jacques Molon prouve un esprit qui sait penser sur ses lectures, et tout
son enthousiasme m’a fait chaud au cœur. »
Très tôt, donc, dans l’imaginaire de Marcel Proust, le nom de Saxe aura des
connotations de fragilité positive, dont il parera ses descriptions de la duchesse de
Guermantes, de Robert de Saint-Loup sans parler d’un défilé d’assiettes. Et il fera
du prince de Saxe, neveu de l’empereur d’Autriche, un grand ami des Guermantes.
Il n’en ira pas de même pour les tanagras.