Page 32 - brochure Potocka
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Née Pignatelli, la comtesse Potocka descend de cet Innocent
XII dont Saint-Simon a magnifiquement parlé. « C’était un
grand et saint Pape, vrai pasteur et vrai père commun, tel qu’il
ne s’en voit plus que bien rarement sur la chaire de saint Pierre
et qui emporta les regrets universels, comblé de bénédictions
et de mérites. Il s’appelait Antoine Pignatelli, d’une ancienne
maison de Naples, dont il était archevêque lorsqu’il fut élu
le 12 juillet 1691. Il était né en 1615 et avait été inquisiteur
à Malte, nonce en Pologne, etc... ce Pape, dont la mémoire
doit être précieuse à tout Français et singulièrement chère à la
maison régnante » (Saint-Simon, pages 364 et 365 du tome II
de l’édition Chéruel). Cette partie de la généalogie de la com-
tesse Potocka ne nous semble pas indifférente. Il me semble
que je retrouve en elle l’ardent patriote, l’ami de la France, le
royaliste fidèle et, si j’ose le dire, un peu aussi le grand inquisi-
teur que fut son ancêtre. Parmi celles de ses amies hérétiques
(j’excepte naturellement, ainsi qu’une ou deux autres, l’exquise
M Cahen, pour qui elle a une affection profonde, et la femme
me
remarquable qu’est M Kafin) qu’elle emmène volontiers à
me
l’Opéra, je me demande parfois s’il n’y en a pas que dans un
autre temps elle n’eût, avec plus de plaisir encore, conduites
au bûcher. Elle a l’esprit libéré de tout préjugé mais fidèle à
des superstitions sociales. Elle est pleine de contrastes, de ri-
chesses et de beautés.
Elle a connu tous les plus curieux artistes de la fin du siècle.
Maupassant allait tous les jours chez elle. Barrés, Bourget,
Robert de Montesquiou, Forain, Fauré, Reynaldo Hahn, Widor
y vont encore. Elle fut aussi l’amie d’un philosophe connu, et
si elle fut toujours bonne et fidèle à l’homme, en lui elle aimait
à humilier le philosophe. Là encore je retrouve la petite-nièce