Page 28 - brochure Potocka
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d’une allée écartée, dans les brouillards du matin, « Retenant
de la main son collie qui s’effare », suivie et précédée d’une
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meute hurlante, on voit déboucher la comtesse et sa blanche
beauté pareille à celle de l’indifférente Artémis, que le poète
nous a montrée dans le même équipage.
C’est l’heure où par la ronce et l’herbe,
Au milieu des molosses.... superbe,
Invincible, Artémis épouvante les bois .
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Et comme ils faisaient trop de bruit à Paris et gênaient les
voisins, elle est allée à Auteuil. Mais « son petit troupeau »
l’a suivie. Tous ses fidèles, la duchesse de Luynes douairière,
M de Brantes, la marquise de Lubersac, la marquise de
me
Castellane, la comtesse de Guerne, la grande cantatrice que je
ne fais que citer aujourd’hui, la marquise de Ganay, la comtesse
de Béarn, la comtesse de Kersaint, M. Dubois de l’Estang, le
marquis du Lau, un de ces hommes de premier ordre que les
5 Réminiscence d’un vers du poème Soir de bataille, de José-Maria de
Heredia (1842-1905), extrait du recueil Les Trophées. L’original étant :
S uperbe, maîtrisant son cheval qui s’effare.
6 La Chasse, de José-Maria de Heredia (1842-1905), extrait du recueil Les
Trophées. Proust oublie quelques mots et saute quelques vers, l’original
étant :
C’est l’heure flamboyante où, par la ronce et l’herbe,
Bondissant au milieu des molosses, superbe,
Dans les clameurs de mort, le sang et les abois,
Faisant voler les traits de la corde tendue,
Les cheveux dénoués, haletante, éperdue,
Invincible, Artémis épouvante les bois.