Page 6 - BrochureRuskin
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Introduction




                                                                                                 L’entrée d’une aquarelle de  John Ruskin (1819-1900) dans les
                                                                                                 collections du Musée Marcel Proust – Maison de Tante Léonie
                                                                                                 vient  combler un manque. Certes,  l’influence du penseur
                                                                                                 britannique  sur l’auteur  d’À  la Recherche du temps perdu repose
                                                                                                 avant tout sur les nombreux textes que Ruskin fit paraître tout au
                                                                                                 long de sa vie, et que Proust lut avec avidité, au point de déclarer
                                                                                                 qu’il en connaissait des passages « par cœur ». On sait en outre
                                                                                                 qu’avant d’entamer l’écriture de la Recherche, il entreprit, malgré
                                                                                                 ses lacunes en anglais, de traduire deux ouvrages de cet étonnant
                                                                                                 intellectuel britannique, l’un sur la cathédrale d’Amiens, l’autre
                                                                                                 sur la lecture. Mais les dessins, alors ?

                                                                                                 Ils sont en fait indissociables des textes de Ruskin, dans lesquels
                                                                                                 nombre d’entre eux sont reproduits, venant illustrer par exemple

             John Ruskin, Pluie sur les sables à Seascale                                        un propos sur le porche d’un édifice gothique  ou la fascinante
             collection Musée Marcel Proust – Maison de Tante Léonie                             beauté de Venise. C’est grâce à nombre de ces dessins que Proust
                             John Ruskin, Pluie sur les sables à Seascale
                      collection Musée Marcel Proust – Maison de Tante Léonie                    put enrichir ses connaissances dans les domaines des Beaux-Arts
                                                                                                 et de l’architecture. En outre, lorsque Ruskin  plaide pour
                                                                                                 « l’innocence de l’œil », c’est-à-dire  lorsqu’il recommande au
                                                                                                 dessinateur d’oublier ce qu’il sait pour ne représenter que ce qu’il
                                                                                                 voit, il énonce un enseignement qui, sous une autre forme, sera
                                                                                                 repris par Proust lorsqu’il nous met en garde contre nos habitudes
                                                                                                 et notre intelligence,  lesquelles  faussent notre  perception du
                                                                                                 monde qui nous entoure et de celui que nous portons en nous.

                                                                                                 Même s’il est peu probable que Proust  ait  vu l’œuvre de John
                                                                                                 Ruskin qui entre dans nos collections, ce qu’elle représente - une
                                                                                                 averse au-dessus de la mer  - n’est pas  étranger  à  l’univers
                                                                                                 proustien : À la Recherche du temps perdu contient plusieurs pages

                                            6                                                                                   7
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