Création publique du Trio en fa majeur pour violon, violoncelle et piano de Reynaldo Hahn
Le concert des Frivolités parisiennes, "Une soirée au salon de Madeleine Lemaire", aura lieu le jeudi 23 janvier à 19h à la Mairie du XIe arrondissement de Paris.
Il est organisé avec la collaboration de la Société Reynaldo Hahn dont Philippe Blay est le président.
"Outre Caplet et Schmitt, on pourra y entendre un arrangement de Philippe Perrin pour harpe et quatuor à cordes, avec récitant, des Portraits de peintres et, en création publique, le premier mouvement (Allegro con moto) du Trio en fa majeur, pour violon, alto et violoncelle de R. Hahn, composé en partie à Beg-Meil à la fin de l'été 1895.
Dédié à l’épouse de Gustave Lyon, le directeur de la manufacture de pianos Pleyel, le Trio en fa majeur de Reynaldo Hahn, pour violon, violoncelle et piano, est lié au séjour qu’il fit avec Marcel Proust en Bretagne, à Beg-Meil, à la fin de l’été 1895. Comme l’écrit le musicien dans son journal, il le « gribouille sur la table de la salle à manger pendant que Marcel s’efforce de [lui] faire admirer Sartor Resartus », un roman « coriace » de Thomas Carlyle. Seul le premier mouvement, Allegro con moto, sera achevé et vraisemblablement exécuté en privé, la dégradation des relations entre Hahn et Proust à partir de 1896 ayant fait naître chez le compositeur des sentiments ambivalents à l’égard de ce trio, qu’il a « tenu des journées entières attaché à lui par des liens impossibles à briser » (Journal).
Peu attiré à cette époque par la musique de chambre, Hahn témoigne cependant dans cet Allegro initial d’un sens manifeste des proportions et de l’agencement thématique. Se démarquant de la construction traditionnelle qui oppose plusieurs thèmes avant de les développer et de les réexposer, il organise les trois parties du mouvement en créant un fort effet de contraste entre la partie centrale et celles qui l’encadrent ; la dernière combine l’ensemble des idées musicales déjà entendues tout en revenant au thème originel. Le musicien confie avoir voulu traduire le parcours « de deux âmes primitivement harmonieuses, unies et qui sont devenues discordantes ». Après l’évocation « des souvenirs de ce que fut leur amour, mais enlaidi, dénaturé par leur disposition actuelle », leur cheminement se termine alors « sur un fond d’indifférence » (Journal)."
Philippe Blay