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Proust, du côté de Dieppe
par Emily Eells
Maître de conférence à l’université de Paris Nanterre
uits de Dieppe ! Premiers frémissements de Marcel
Proust, furtif prélude aux saisons de Balbec, la poésie
« Ndont nous vous avons chargées ... » En quelques mots,
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le portraitiste de l’auteur d’À la recherche du temps perdu esquisse ses débuts
littéraires avec, en toile de fond, la ville de Dieppe. Il brosse un tableau
nocturne où les mondanités de la « saison » cèdent la place à l’intimité de
la nuit.
On ne sait pas avec certitude si Proust a fait deux ou trois visites à
Dieppe. La ville normande est mentionnée dans la toute première lettre
de sa correspondance éditée par Philip Kolb, datée du 5 septembre 1880.
Le jeune Proust écrit à sa cousine Pauline Neuburger pour la remercier
des livres qu’elle lui a offerts et qu’il compte emporter à Dieppe. Il se ré-
jouit du départ prévu pour le lendemain, et se dit « enchanté de pouvoir
[s ]’amuser à lire ». De Dieppe, il écrira à son grand-père maternel, dans
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une lettre datée du 14 septembre sans précision d’année. Il est possible
que cette lettre soit, elle aussi, de septembre 1880, bien que Philip Kolb la
date de 1881, laissant entendre que Proust est allé à Dieppe deux années
de suite. En tous les cas, Proust a apprécié son séjour à Puys, à quelques
kilomètres de Dieppe, qu’il décrit comme « une très petite ville, très gen-
tille, très pittoresque qui joint ala foi [sic ] du plaisir de la campagne et de
la mer » (Corr. XXI, p. 541).
1 Jacques-Émile Blanche, « Souvenir de Dieppe », dans Jacques-Émile Blanche, peintre (1861-1942),
catalogue de l’exposition du Musée des Beaux-Arts, Rouen, 1997-1998 (Paris : Éditions de la
Réunion des musées nationaux, 1997), p. 211.
2 Marcel Proust, Correspondance, éd. Philip Kolb, en 21 volumes (Paris: Plon, 1970-1993), voir
Corr. I, p. 95.
page ci-contre : Portrait de Marcel Proust, Jacques-Émile Blanche, 1892.