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À Dieppe, les étés se suivaient et se ressemblaient toujours et c’était en
          fait ce qui plaisait à Blanche : il aimait la plage bondée d’estivants, les
          foules se bousculant au marché aux poissons ou sur le port. Tous les
          mois de juillet et août, les « chalets » du Bas Fort Blanc étaient pleins à
          craquer d’invités de toutes sortes mais quand il ne restait plus de place, les
          invités aisés avaient l’habitude de descendre à l’Hôtel Royal. Par contre, la
          majorité des artistes, qui n’avait pas la fortune considérable des Blanche,
          logeait dans de modestes maisons d’hôtes et appartements de location
          de la petite ville. Tous se réunissaient au café des Tribunaux après un
          après-midi à la plage ou au champ de courses pour l’apéritif et des dis-
          cussions interminables en terrasse.
         À partir de 1895, la vie de Blanche avait complètement changé : ses deux
          parents morts, il était à présent jeune marié, avec deux belles-sœurs à
          charge, et ne retourna plus passer ses étés au Bas Fort Blanc. Tournant
          une page importante de son existence, il loua, dès l’été 1896, le manoir
         Tout la Ville, à Saint-Martin-aux-Chartrains, dans la propriété du peintre
          Gérôme et, après plusieurs années d’errance et de tentatives de locations
          saisonnières, il se mit à la recherche d’une maison en Normandie. Pour
          le temps d’un été 1902, il loua le charmant Manoir du Tot à Offranville à
          la famille Lachambre. À quelques kilomètres de Dieppe, à l’intérieur des
          terres, le manoir, avec ses boiseries rechampies et son jardin fleuri, lui
          convenait parfaitement et il se décida de la louer à l’année en juillet 1903.
         Il conserva néanmoins le « chalet » avec tous ses meubles et ses souvenirs
          et, voyageant d’Offranville en train ou en voiture, revenait de temps en
          temps y déjeuner. Il ne le vendit qu’en 1923, ce qui mit enfin terme au
          chapitre « Dieppe » dans la vie de l’artiste.















                                         page ci-contre : Jacques-Émile Blanche, photographié par
                                    Man Ray vers 1928 et par H. Walter Barnett entre 1901 et 1903.
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