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fff Jacques-Émile Blanche et Dieppe
par Jane Roberts
Spécialiste de Jacques-Émile Blanche,
auteure du catalogue raisonné 1
n peut affirmer que le peintre Jacques-Émile Blanche (1861-
1942) n’aurait pas eu la même carrière s’il n’était pas né de
Osouche normande et n’avait pas, dès le plus jeune âge, passé
tous les mois d’août à Dieppe.
Ce port, à partir de 1820, était devenu une station balnéaire florissante,
accueillant aussi bien les Français chics en vacances que les Anglais voya-
geurs se rendant « sur le continent ». Caroline, duchesse de Berry, femme
de Charles X, prenant exemple sur le prince-régent qui avait « lancé »
Brighton et son Royal Pavillon, y fit construire les « Bains Caroline ».
Madame Récamier y transféra son salon d’été et le marquis d’Aguado,
banquier espagnol, y amena musiciens et artistes afin d’amuser tout ce
monde.
« L’homme bien élevé connaît Dieppe aussi bien que la Chaussée
d’ Antin », écrira Jules Janin. « Y venir, c’est s’engager à y revenir », dira
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Blanche. Et les artistes ne manquaient pas : « Par les claires nuits de lune,
les fantômes de Delacroix, de Chateaubriand, d’Isabey, de Bonington,
de Liszt, de Rossini doivent converser avec Alexandre Dumas, Whistler,
Degas, Renoir, Debussy, Gounod. Que de revenants ! Artistes, princes,
personnages politiques, leurs noms ajoutent une poésie singulière à celui
de Dieppe. Cette plage, malhabile à la réclame, a ses fidèles, ses amou-
reux maniaques . »
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1 https ://www.jeblanche-catalogue.com, 2019.
2 Jacques-Émile Blanche, Dieppe, Éditions Bertout, Luneray 1992, p. 4-5.
3 Ibid.
page ci-contre : Dieppe : Terrasse du restaurant du Casino avec au fond le château (détail), Jacques-Émile
Blanche, 1904.