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d’eau, quelques tubes en désordre
dans une boîte ouverte, il n’en
faut pas plus à Mme Madeleine
Lemaire pour ‘travailler de son
état’ dès le matin et tant qu’il fait
jour, elle est à la besogne. »
Les Plaisirs et les jours
et le choix de Madeleine
Lemaire pour les illustrer ont
constitué une sorte de péché
originel qui, quarante ans
après leur parution et celle
de la Recherche, pèse encore
sur l’appréciation du goût de
Marcel Proust. La lettre de
Signac en est le témoignage.
Proust fréquentait et aimait Félix Fénéon
Béraud, Sert et bien d’autres peintres encore, mais il écrit fin
décembre 1906 à Madame Catusse : « Si j’étais riche je ne chercherais
pas à acheter des chefs-d’œuvre que je laisserais aux musées mais de ces
tableaux qui gardent l’odeur d’une ville ou l’humidité d’une église et qui
comme des bibelots contiennent autant de rêve par association d’idée qu’en
eux-mêmes. » Cela nous fait mieux comprendre pourquoi il ne
possédait que des tableaux d’Helleu, de Jacques-Emile Blanche
et de Paul Baignères, que l’on peut voir aujourd’hui au Musée
d’Illiers-Combray.
Anne Imbert
Membre de la Société des Amis de Marcel Proust, Anne Imbert est
historienne de l’art, diplômée de l’École du Louvre spécialité gravure.
Elle est par ailleurs journaliste à la radio.
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