Page 12 - Brochure Thomas Alexander Harrison
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« Un ravissant effet de soleil par Harrison », manuscrit autographe de Jean Santeuil
Thomas Alexander Harrison ne se fatigue pas du spectacle des mille nuances
des couchers de soleil sur les bords ce « lac de Genève fantastique », guère
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fréquenté « que par quelques peintres qui toute la journée se promènent sur la
mer ou peignent à des lieues ». Il parcourt la lande et les dunes pour admirer
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ces couleurs et les fixer sur la toile, ce que Marcel Proust note dans son roman :
« À force de l’interroger et d’interroger les autres sur lui, nous avions fini par
savoir quand il travaillait. Il marchait longtemps dans les falaises, montant
toujours, s’exaltant sans doute de plus en plus de ses pensées, car d’en bas
nous le voyions aller de plus en plus vite, courir, secouer la tête, jusqu’à ce
qu’il arrivât à la petite maison d’un gardien de phare dans un endroit où il ne
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passe jamais personne. Et là, dans ce lieu véritablement sublime il examinait le
vol des oiseaux qui passaient sur la mer, écoutant le vent, regardant le ciel, à la
façon des anciens augures, non comme un présage de l’avenir, mais plutôt, à
ce que j’ai compris, comme ressouvenir du passé : car des gouttes de pluie qui
commençaient à tomber, un rayon de soleil qui reparaissait, suffisaient à lui
9 Lettre de Marcel Proust à Gabriel de Yturri, Hôtel Fermon, Beg-Meil, septembre
1895.
10 Jean Santeuil, chapitre Beg-Meil.
11 La maison de gardien du sémaphore de Beg-Meil.