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témoins du passage du temps et du vieillissement : formulée dans Les Pierres de Venise, citée ici dans la traduction de
Mathilde Crémieux dont Proust fit un compte rendu chaleureux :
là où les rochers étaient secs, nous nous assîmes afin de dessiner
ou de regarder ; mais j’étais trop fatigué pour dessiner, et ne puis La fonction de l’artiste, en ce monde, est d’être une créature
plus regarder un coucher de soleil aisément car, maintenant que voyante et vibrante, un instrument si tendre, si sensitif,
j’ai 53 ans, il me semble que le soleil se couche terriblement vite. qu’aucune ombre, aucune lumière, aucune ligne, aucune
Quand on était jeune, il prenait son temps, mais maintenant, il expression fugitive dans les objets visibles ne puissent être
tombe toujours comme une bombe et avant que je ne puisse en oubliées ou se flétrir dans le livre de mémoire .
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faire l’image, il a disparu, et une autre journée avec lui .
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Ruskin laisse la marine nouvellement acquise par la SAMP parler
pour lui, sans l’associer à ses écrits, sans même lui donner de titre.
Le soleil caché derrière un gros nuage noir prédisant l’orage revêt
une double signification : la menace de la pollution causée par
l’industrialisation, contre laquelle Ruskin s’est exprimé avec
véhémence dans sa série de conférences intitulée Storm Cloud of
the 19th century [Le nuage orageux du 19 ème siècle], d’un côté, et
l’approche de la mort de l’autre. Même si le nuage noir domine le
dessin et si les lignes d’en dessous tracent la tombée de la pluie,
on peut se demander si les rayons de soleil et les éclaircies que
Ruskin fait briller dans les petites plages de ciel bleu témoignent 13 « The whole function of the artist in the world is to be a seeing and
de sa foi dans l’au-delà, du règne d’un dieu bienfaisant. En tous feeling creature; to be an instrument of such tenderness and
les cas, le dessin fixe un moment fugitif comme dans un sensitiveness, that no shadow, no hue, no line, no instantaneous and
instantané, illustrant la définition de l’artiste que Ruskin avait evanescent expression of the visible things around him, nor any of the
emotions which they are capable of conveying to the spirit which has
been given him, shall either be left unrecorded or fade from the book of
12 « where the rocks were dry, we sat down, to draw, or to look; but I was record. » Ruskin, op. cit., vol. XI, p. 49. Les pierres de Venise : études locales
too tired to draw, and cannot any more look at a sunset with comfort, pouvant servir de direction aux voyageurs séjournant à Venise et à Vérone, Cité
because, now that I am fifty-three, the sun seems to me to set so horribly dans la traduction de Mme Mathilde P. Crémieux, préface de Robert de
fast; when one was young, it took its time; but now it always drops like la Sizeranne, Paris, H. Laurens, 1906, p. 186. Le compte rendu de Proust
a shell, and before I can get any image of it, is gone, and another day parut dans La Chronique des arts et de la curiosité du 5 mai 1906 ; voir Essais,
with it. » Ruskin, op. cit., vol. XXVII, p. 325. op. cit., p. 329-332.
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