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Le dessin acquis par la Société est l’illustration du texte
Les marronniers qui évoque un lieu que Proust tient à préciser
« Réveillon, octobre 1895 » . Le Château de Réveillon était encore le
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titre des Plaisirs et les jours, le 26 mars 1896, à quelques semaines
de leur parution.
Ce château de Madeleine Lemaire évoquait à Proust le sou-
venir des beaux jours d’amour passés avec Reynaldo Hahn dans
cette campagne de la Marne. Madeleine Lemaire utilisera le décor
de son architecture mais on pourrait faire l’archéologie bota-
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nique de son jardin, en étudiant la récurrence des végétaux dans
les différents ouvrages qu’elle illustre. « L’impératrice des roses née
au pays du soleil » représentera au fil des pages des Plaisirs et les
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jours pas moins de trente et une espèces, et si les orchidées et les
iris à la mode y figurent, elle ne néglige ni le trèfle ni le pissenlit
ni le chardon. Elle s’y montre une véritable botaniste dont notre
branche de marronnier donne un excellent exemple par la qualité
du dessin. Sa nomination en qualité de professeur de dessin ap-
pliqué aux plantes au Muséum d’histoire naturelle en 1898 sera
une reconnaissance de son talent.
Dans le texte Tuileries, Proust a beau citer lilas, liserons, géra-
nium, héliotrope et roses trémières, Madeleine Lemaire ne choisit
aucune de ces fleurs mais jette sur la page une énigmatique fleur
de parterre. Proust l’a constaté et demande à J. Hubert, le 27
décembre 1895, d’écrire à Madeleine Lemaire : « sur vos cinquante
petits dessins nous trouverons bien à distribuer à peu près également les en-
tête, puisque n’ayant pas de sujets déterminés ils iront aussi bien ici que là. »
Elle use classiquement de la symbolique de fleurs fanées pour
7 Les Plaisirs et les jours. p. 233.
8 La façade de Réveillon pour la couverture et la grille en en-tête de la table des matières.
9 Louis Ganderax, Les Lettres et les arts, 1888.
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